Par Cynthia Macri.
À l’occasion de sa première exposition photo, Mind Blowing, au Fox Coffee de Metz, en Lorraine, Lucas Marrella, jeune photographe dont l’évolution sera sans conteste à suivre, s’est entretenu avec Pro/p(r)ose Magazine.
Pro/p(r)ose Magazine : Les paysages semblent être vos sujets de prédilections : d’où vient cet intérêt ? Avez-vous envisagé d’autres thèmes ?
Lucas Marrella : À vrai dire, je n’ai pas vraiment de sujets de prédilection. Mon exposition peut sans doute faire penser le contraire. J’adore photographier des paysages, mais avant toutes choses j’ai envie que celui-ci me rappelle un souvenir. Je ne m’enferme pas spécialement dans un type de photographie, c’est pour cela que je pratique également la photographie de rue, le portrait, ainsi que l’exploration urbaine (urbex). Souvent, j’aime mélanger certains thèmes, le portrait avec l’architecture ou encore la mode avec l’urbex. Ce que j’apprécie encore plus ces derniers temps, c’est photographier des moments de vie, j’aimerais avant tout que mes photos racontent une histoire et que les personnes qui les regardent puissent ressentir une certaine émotion en les observant. Et si vous me demandez ce que je préfère prendre en photo, je vous répondrai sans doute : « les gens dans la rue ». Ils sont naturels et ne se soucient pas de l’objectif.
Pro/p(r)ose Magazine : Quelle a été votre première expérience photographique, celle qui vous en a donné la passion ?
Lucas Marrella : Comme la majorité des jeunes de ma génération, je pense que c’était les appareils photo jetables que nos parents nous achetaient pour nos sorties scolaires ! Au final, on essayait de capturer l’essentiel pour avoir quelques souvenirs et l’on faisait tellement plus attention aux photos qu’on prenait, car on était limité par la pellicule. C’était, à mon sens, plus authentique et plus précieux qu’une photo qu’on prend 10 fois avec nos smartphones. Mais l’expérience qui m’a vraiment donné envie de continuer à prendre des photos, est sans doute les portraits que nous nous amusions à prendre avec des ami(e)s au lycée, accompagné de mon tout nouveau Nikon D5100 offert par mes parents à Noël. Il m’est arrivé également, avant d’avoir mon Nikon, d’utiliser l’appareil photo compact de ma sœur de la marque Canon, mais j’évite de raconter cette histoire, vu que je suis à 100% Nikoniste.
Pro/p(r)ose Magazine : L’utilisation des filtres ou retouches photographiques, sont courants chez les professionnels, qu’apportent-ils de plus ? Sont-ils, selon vous, indispensables ?
Lucas Marrella : Je vais essayer d’expliquer cela de façon « vulgaire » dans un premier temps et ensuite j’essayerai d’utiliser un langage un peu plus technique. De mon point de vue, la prise de vue fait 100% du travail, une mauvaise prise de vues et la photo est, à mon sens, gâchée. Aucune retouche, quelques soit ne pourrait rattraper une piètre prise de vue. À mon sens le travail en post-production d’une photographie est essentiel, il permet de définir l’identité du photographe, de caractériser son art et de donner vie à son idée. Cette même idée qu’il avait en tête au moment de la prise de vues. À quoi bon photographier en RAW et avoir une grande plage dynamique si c’est pour garder une photo brute et sans âme ? Il ne faut pas oublier que la retouche photographique existe depuis toujours (cf. URSS photo de Staline). La photographie argentique, que je pratique également, permet d’obtenir des résultats différents en fonction de la pellicule que le photographe choisit. Même un simple smartphone corrige, modifie et interprète la réalité ; en fonction du téléphone que vous avez les couleurs ne seront pas les mêmes, le grain ne sera pas le même. Les personnes qui prennent une photo avec leur dernier iPhone ou que sais-je et qui mettent le hashtag #nofilter sous leur photo sont soit ignorantes, soit à mon sens très hypocrites. La perception de la réalité est une question de point de vue et c’est en cela que le traitement en post-production est indispensable. C’est votre réalité et non celle du dernier processeur intelligent de votre smartphone.
Pro/p(r)ose Magazine : Avez-vous déjà d’autres travaux en cours ? D’autres expositions prévues ?
Lucas Marrella : La conjoncture actuelle ne permet pas de prévoir des projets à long terme et elle a mis en suspens l’exposition se déroulant au Fox Coffee, mais celle-ci se tiendra dès leur réouverture, qu’on espère arrivera au plus vite. D’ailleurs, n’hésitez pas à quand même y faire un tour si vous êtes de passage à Metz, ils y font de la vente à emporter et ça reste tout autant délicieux. Néanmoins, avec deux de mes acolytes, nous espérons pouvoir concrétiser un voyage pour effectuer essentiellement de l’exploration urbaine. J’ai d’autres idées de voyage en tête, plus personnel, mais tout ceci viendra en temps voulu. Pour ce qui est des autres expositions, je n’ai rien de prévu pour le moment, mais j’aimerais tout d’abord, terminer celle au Fox. C’est un lieu que j’affectionne beaucoup et je veux me consacrer à 100% à ce projet. Pour les curieux, je finis de peaufiner le site internet pour que la vente de tirage soit plus aisée.
Pro/p(r)ose Magazine : « Mind Blowing », le nom de votre exposition, est en anglais. Pourquoi le choix de cette langue plutôt qu’un titre français ?
Lucas Marrella : C’est en septembre que la proposition d’effectuer une exposition au Fox Coffee m’a été donné ! Ce délai me laissait donc environ un mois pour choisir les photos qui y seraient exposées, le support, ainsi que l’encadrement de celle-ci. Pour ce qui est des deux derniers, le professionnalisme et le savoir-faire de Labo Photos m’ont été d’une grande utilité. En revanche, le choix des photos à exposer a été un peu plus compliqué. Je ne savais pas si je devais partir sur un thème précis (nature, street, urbex) ou plutôt montrer tout simplement ce que je fais en général, j’ai choisi cette seconde option, qui est sans doute un choix un peu plus personnel. Par conséquent je n’avais pas le temps nécessaire pour choisir le titre de l’exposition. D’ailleurs, je suis très mauvais, pour donner un nom à une œuvre ou une exposition. J’ai donc décidé d’envoyer les photos qui seraient présentes à l’exposition à une amie que j’apprécie énormément. Elle m’aide beaucoup dans ce genre de démarche et a généralement des idées qui me plaisent. Après plusieurs jours de réflexion et quelques propositions nous avons retenu « Mind Blowing ». Comme beaucoup de choses, ça s’est fait au feeling plus qu’autre chose. De là, à vous expliquer pourquoi un titre en anglais plutôt qu’en français… je ne sais pas, peut-être pour une prochaine exposition ?

Mind Blowing est une exposition qui s’admirera de toute urgence dès la réouverture du Fox Coffee de Metz, dont on peut pour l’heure apprécier les délices à emporter.