Faire

Par Elise, du verger.

Et puis soudain plus un visage, plus d’autre à qui adresser un signe , plus de cygne blanc à regarder danser sous mon regard ébahi de tant d’harmonie. Que du faire…faire avec, faire malgré tout, faire son deuil, faire ensemble, faire sa vie, faire l’amour, fer forgé…fers à cheval hue dada ! Hop ! Hop ! Il faut remonter en selle madame ! Hop hop ! Au galop au galop !
Chut !
Je passe le seuil de la pièce aux miroirs, intimidée de voir ma silhouette réfractée , de me voir faire un pas et un autre entourée de moi qui fait un pas et un autre. Cette fois je ne me scrute pas, je n’ai pas envie de m’anéantir mais de faire un pas de plus, de glisser dans l’eau douce du silence dont je fais partie, d’y serpenter comme une rivière, de faire un avec la rivière. Nue peut-être, je sens que le regard n’est plus si sévère et ma peur se dissout au contact de l’eau.
Au bout de la pièce il y a une porte entrouverte, et j’acquiesce à l’invitation que cet entrebâillement me propose. Il ne s’agit pas d’une grande lumière blanche au bout d’un tunnel noir, non, plutôt juste d’un passage ténu, une voie possible. Un seuil. Et de l’autre côté peut-être ni un miroir, ni un mur, ni un chemin, mais une halte pour poser le doute et la fureur balayant tout l’amour en une salve de mots. Il faudrait se laver de ces mots là, se laver de ses maux comme après une lutte, ou un travail harassant. Non faire mais vivre à chaque instant.


Une contribution d’ Elise, du verger. | Artiste plurielle, Elise du Verger, évolue entre art et littérature. Elle a réalisé plusieurs expositions de ses peintures, Féminin singulier en 2011, Debout en 2012, dans le cadre de l’exposition collective Semaines de la folie ordinaire à la Parole Errante de Montreuil en 2018 et 2019. Ses poèmes apparaissent régulièrement dans des revues à l’image des Cahiers pour la folie. Depuis 2020, Elise du Verger intensifie ses pratiques multiples, brossant les détours, les rencontres et les couleurs qui font la vie.