Par Myriam OH (Ould-Hamouda).
JE DIS OUI À LA FOLIE
si la folie est se voir plus grand et plus fort de partout du sourire aux rêves ; je dis oui à la folie si la folie est arrêter de se chercher des noises pour se trouver d'excellente compagnie tout contre autrui et le monde pourtant je dis oui à la folie je dis oui à l'invisible je me défile des barreaux de la réalité je dis oui à l'indicible je prends un bain de métaphores je dis oui à la folie si la folie est voir la vie belle avec des yeux d'enfants que j'ai passé l'âge que mon heure est venue et que je l'ai manquée je dis oui à la folie si la folie est perdre la notion du temps et s'en remettre au vent je dis oui à la folie je dis oui aux plans B qui n'ont pas d'explications se projeter sur le bas-côté c'est se projeter quand même c'est prendre de la hauteur par-delà les apparences je dis oui aux silences qui traduisent à la perfection l'esprit de la fête les valeurs de la défaite pour qui sait lire dedans je dis oui aux mains froides je dis oui aux cœurs qui débordent je dis oui aux logorrhées à nos façons de surjouer il faut bien évacuer le superflu pour que l'essentiel daigne pointer le bout de son nez de la tête à la queue et si c'est pas pour aujourd'hui tant pis le temps que son tour vienne, je dis oui quand même si la folie est dans la gueule des gens trop sérieux une maladie honteuse je dis oui à la folie et j'en rajoute une couche si la folie est ramasser les étoiles tombées sur le bitume d'yeux trop usés pour se laisser charmer par son grain.
CORPS-À-CORPS
je me fais des scènes d'intérieur y'a des veines qui gonflent et des artères qui se bouchent à chaque fois que je me prends en flagrant délit d'infidélité à moi-même je me fais des crises existentielles je me soulève le cœur je me prends la tête alors je fais quoi là hein je me lève ou bien je me couche? et je suis qui là-derrière ce matricule quand ça va barder? je fais des nœuds avec mes nerfs on dirait une épée ou c'est peut-être une fleur ah tiens non c'est un cygne je me casse les organes vitraux pour voir la couleur de la lumière et sentir le parfum de la liberté tiens on dirait les yeux de ma mère ou peut-être la voix de mon amant ah non c'est inédit je m'excite je me fais des escape games en solitaire je m'explore jusque dans les entrailles je cherche des indices ou de bons alibis au fond de l'inconscient enfin n'importe quoi qui ferait sortir les murs de leurs gonds je cherche des réponses ou peut-être la bonne question ah tiens non c'est rien qu'la petite bête qui fait diversion à chaque fois que je me quitte sans demander mon reste alors j'en suis où là hein dans le décor ou juste au cœur? et pour qui je me prends quand je me mets hors de moi? hey moi là-bas quand il n'y aura plus assez d'histoires à ruminer quand il n'y aura plus assez d'arguments à appuyer quand il n'y aura plus qu'à vendre l'âme il y aura encore le feu intérieur alors de quel bois je me chauffe quand je m'accorde le droit de me tromper de lieu et de moment avec perte et fracas? je me livre la guerre ah tiens non c'est l'amour que je me fais.
DIMANCHE
Manqué le lever du soleil, rien à faire. Manqué la messe, rien à faire. Rien à faire, rien à faire. Prendre le temps d'une orange pressée. Laisser passer le train en marche. Brouter un rêve à la volée. Bonjour. Dit une voix encore endormie. Ce qu'on va faire aujourd'hui, rien à faire. Comment on s'appelle, rien à faire. Rien à dire, rien à faire. Se prendre là où on en est dans la vie. A cet instant précieux. Où tout. Est à inventer.
Une contribution de Myriam OH | Myriam OH (Ould-Hamouda) évolue avec le cœur dans les domaines du social et de l’artistique y trouvant de précieux outils pour planter des graines, qui donneront des plantes et des fruits différents selon le parcours de vie de celui qui les accueille. Dans son écriture, l’oralité a une place primordiale et, outre ses publications dans des revues et l’animation d’ateliers d’écriture, c’est en donnant vie à ses mots par la voix et par le corps, en collaborant notamment avec des artistes de tous bords, qu’elle vibre au plus haut.