La nuit recomposée | Jocelyn Lagarrigue

Par Karen Cayrat.

Renaître est un risque.  

Jocelyn Lagarrigue, formé au théâtre du soleil en est conscient. Après s’être tourné vers la musique, en écrivant et composant des chansons, le comédien effectue une nouvelle mue en présentant ce premier roman paru ce mois chez quidam éditeur. Un ouvrage vif autant qu’à vif, d’une magnitude rare, nous faisant pénétrer les coulisses du théâtre contemporain.  

Des liaisons dangereuses à la perte de repères, Jocelyn Lagarrigue nous amène à suivre la descente aux enfers puis la renaissance d’un protagoniste malmené par la vie, attachant cependant. Tout semble voler en éclat pour Antoine. Après avoir frôlé la mort de peu et s’être retrouvé dans le coma, tout est à reconstruire. Mais autrement. Il n’est plus question de s’enfermer dans les mêmes schémas frustrants et limitants. En lutte face à ses propres démons, et ce qui vacille parviendra-t-il enfin à se relever ? C’est là toute la question qui traverse ces pages réussies.  

Notons la flamboyance du principal protagoniste à la fois fluctuant et ardent, vacillant de l’ombre à la lumière. Tandis que le récit progresse à bon rythme et avec maîtrise. Les chapitres, bien construits, en effet, nous attirent dans des méandres toujours plus grands, plus abrupts.  

Par ailleurs, en toile de fond, s’ouvre un large pan de réflexions touchant l’existence comme la société, la quête de sens et le non-sens qui nous entoure, le poids des conventions. On appréciera également la profondeur de certaines fulgurances touchant par leur justesse semblable à des comètes dans l’encre de notre nuit.  

L’écriture en elle-même se joue des rythmes et pulse, contribuant à la qualité de l’ouvrage. La passion que voue l’auteur au théâtre, son intensité transparaît sans effort d’un bout à l’autre du roman que le lectorat traversera avide de suivre les différents actes de la vie d’Antoine, jalonnés par des échos théâtraux d’importance.  

La langue chatoie, toujours plus vibrante. Et il nous semble que, pour ce premier roman, dédié au comédien Olindo Bolzan, disparu trop vite dans des circonstances sombres et tragiques en 2020, Jocelyn Lagarrigue réalise un coup de maître.  

Une voix dont l’évolution sera sans nul doute à suivre. D’ici là, nous vous recommandons chaleureusement de recomposer vos nuits avec cet ouvrage venant tout juste de paraître aux éditions Quidam. 


  • pages : 216
  • ISBN: 2374912639