La chute qui a tout changé

Par Han D Harabie.

Marc âgé de quatorze ans vivait dans un village isolé nommé ALONE appartenant au royaume ALL. C’était un garçon maigrichon avec des cheveux blonds en bataille, ses yeux étaient de couleur verte comme du jade, mais ce qui le mettait en évidence c’était sa voix douce et hypnotique. Marc était un étudiant assidu et intelligent, il aimait passer ses heures libres à apprendre de nouvelles compétences afin de devenir une personne polyvalente, capable de tout faire.

Tous les villageois avaient beaucoup d’estime pour Marc parce qu’ils voyaient en lui un modèle que tous les enfants du village devaient suivre. Parfois ils obligeaient leurs progénitures à côtoyer Marc en espérant qu’il aurait une bonne influence sur eux.

Marc étudiait dans une école située dans un autre village, loin de cinq kilomètres. Cette longue distance était la cause principale qui poussait les enfants à quitter l’école pour travailler dans les champs. Contrairement à eux, Marc éprouvait une grande satisfaction à parcourir ce trajet, car ça lui permettait de réfléchir en toute quiétude et de profiter des bruits de la nature qui étaient tel une douce mélodie. 

Après une longue journée d’école, Marc rencontra par hasard ses deux meilleurs amis, Antoine et Mathieu qui jouaient à franc carreau. Les deux garçons lui proposèrent de jouer avec eux, mais celui-ci déclina, expliquant qu’il avait des exercices à réaliser pour l’école.

N’aimant pas la réponse de Marc, Antoine lui reprocha de prendre la grosse tête depuis le jour où il avait décidé de continuer ses études. Cette remarque rendit Marc triste, car il espérait que ses amis le soutiennent au lieu de lui lancer des paroles blessantes à chaque fois où il le voyait. 

Mathieu intervint et mit fin à cette atmosphère fâcheuse en racontant une blague qui fit sourire tout le monde, tel un vent qui enlevait les mauvaises herbes. Antoine s’excusa auprès de Marc en se justifiant qu’il avait passé une mauvaise journée. Évidemment, Marc accepta ses excuses sans ajouter de commentaires. 

En rentrant chez lui, Marc trouva sa mère Elena en train de l’attendre pour manger. Celle-ci avait un visage fatigué et portait des habits usagés. En dépit de la pauvreté, elle ne s’était jamais plaint et son seul dévouement dans la vie était le bien être de son fils unique.  

Après avoir déposé ses affaires, Marc et Elena s’installèrent autour de la table dans laquelle il y avait du pain, deux œufs et deux gobelets en bois remplis de lait. Sur le visage de Marc se dessina une expression de tristesse.    

Pendant qu’ils mangeaient, Elena annonça à Marc qu’elle se réveillerait tôt demain pour aller travailler dans une ferme située dans un autre village. De manière inattendue, Marc se leva et cria avec conviction « Lorsque je vendrai mon invention au roi, je t’achèterai une immense demeure et tu n’auras plus besoin de travailler. » Elena le prit dans ses bras en versant des larmes et lui dit « Ne te préoccupe pas de moi, mon seul désir c’est de te voir heureux, mon seul désir c’est de te voir atteindre tes objectifs. »   

Au moment où Elena s’occupait de débarrasser la table, Marc s’installa dans un coin pour bouquiner. Dès qu’Elena le remarqua, elle se précipita vers lui et lui arracha le bouquin tout en lui ordonnant d’aller jouer avec ses amis. Alors que Marc était sur le point de protester, sa mère le devança et lui fit signe de garder le silence.   

Avant de quitter la maison, Elena enlaça chaleureusement son fils et lui conseilla avec douceur de ne pas parler de ses ambitions, car le monde regorgeait de personnes haineuses et malveillantes. 

Antoine et Mathieu discutaient de manière animée à proximité d’une fontaine sèche et abîmée, une fille éblouissante, du même âge qu’eux passa sans leur adresser la parole, Antoine remarqua que son ami la suivait d’un regard chagriné alors il lui lança « Va lui parler » Mathieu resta silencieux cependant Antoine continua à le harceler jusqu’à ce qu’il lui répond « Je lui ai déjà demandé de sortir avec moi, mais elle a refusé en m’avouant qu’elle est amoureuse de Marc »,  Antoine fou de rage décocha un coup de pied foudroyant à la fontaine qui se fissura puis il grommela « C’est toujours la même histoire, j’ai marre de vivre dans l’ombre de Marc. »

Antoine et Mathieu changèrent rapidement de sujet en voyant Marc s’approcher, Mathieu se précipita vers lui en le taquinant « Notre savant a perdu l’appétit de l’apprentissage » Marc ignora la plaisanterie avec un sourire jaune toutefois Mathieu revint à la charge « Ou bien tu as l’intention de nous utiliser comme cobaye dans tes folles expériences » Obligé de rétorquer, Marc leur fit savoir que sa mère l’avait contraint à sortir pour s’amuser un peu.

Les trois amis s’installèrent en haut d’une falaise qui donnait sur un long fleuve. Pendant qu’ils discutaient, Antoine et Mathieu tentèrent de convaincre Marc d’abandonner ses études afin de travailler avec eux dans les champs, après avoir remarqué que leur ami n’était pas enclin à suivre leur conseil. Les deux garçons déployèrent une autre tactique, ils le culpabilisèrent sur le fait de laisser sa mère effectuer des tâches pénibles tandis que lui poursuivait un rêve insaisissable.

Après un silence pesant, Antoine raviva la conversation en questionnant Marc si les études permettraient de quitter le village. Avec un sourire empreint de fierté, il l’informa que les études lui donneraient la possibilité de découvrir et de vivre dans n’importe quel coin du monde. Sur le visage de Mathieu et Antoine se dessina une expression de fascination. Marc, intrigué par leur réaction, enchaîna « Pourquoi cette question ? » Antoine lui répondit avec enthousiasme « Parce que mon rêve c’est d’aller vivre dans la capitale et comme j’ai besoin d’argent pour le réaliser, j’ai choisi de travailler dans les champs, » Mathieu à son tour leur révéla que son fantasme était de travailler dans le château du roi. Lorsqu’ils terminèrent de partager leurs rêves, ils fixèrent Marc pour lui faire comprendre qu’ils attendaient à entendre son rêve, mais celui-ci resta silencieux et préféra suivre le conseil de sa mère.

Malheureusement ses amis l’accablèrent d’imploration jusqu’à ce qu’il céda « Mon rêve est d’acheter une grande maison à ma mère en vendant mon invention au roi. » Face à cette révélation, Mathieu et Antoine restèrent bouche bée.

Marc partit pour satisfaire un besoin naturel loin des regards de ses amis, pendant ce temps Mathieu et Antoine demeuraient abasourdis comme des statues de pierre. Soudain Mathieu lâcha avec fureur  » Nous n’allons jamais le dépasser. » Antoine acquiesça puis fixa l’horizon sans faire de commentaire.

Marc revint auprès de ses deux compagnons qui lui demandèrent avec empressement de leur expliquer la nature de son invention. Marc s’élança avec ferveur « Mon invention consiste à augmenter la vitesse des navires commerciaux et de guerre, conférant ainsi à notre royaume un avantage considérable sur nos concurrents et nos ennemis. » Dès qu’il acheva son explication, il se leva et se plaça en face de ses amis en leur promettant de les embaucher comme des assistants. Mathieu et Antoine pris d’une folle rage se levèrent précipitamment et poussèrent en même temps Marc qui tomba de la falaise.

Durant sa chute, Marc, yeux écarquillés commença progressivement à prendre conscience de ce qu’il lui arrivait, en effet il réalisa qu’il était sur le point de s’écraser sur le fleuve et rencontrer la seule entité que l’humanité n’avait pas pu vaincre. Alors il ferma les yeux en pensant à sa mère puis le courant du fleuve l’emporta avec une force équivalente à celle d’une horde de chevaux.

Pendant une journée ensoleillée. Une escorte découvrit Marc inconscient au bord du fleuve. Sans se soucier de son identité, ils l’emmenèrent avec eux.

Allongé sur un sol crasseux, Marc ouvrit lentement les yeux et balaya du regard la pièce où il se trouvait. La chambre était sale et dépourvue de décoration ce qui lui donnait un air sinistre mais ce qui était le plus effrayant c’était les tâches de sang sur les murs. Soudain une fille brune avec des cheveux châtains entra portant une serviette et un seau rempli d’eau. Lorsqu’elle s’approcha de lui, Marc se redressa péniblement en la questionnant  » Où suis-je ? » La fille lui répondit avec une voix douce et un sourire chaleureux « Dans la ferme de maitre Nimrod. » En entendant les bruits de pas, la fille s’agenouilla tout en baissant sa tête. Marc ne comprit pas le geste de la fille du coup il demeura figer.

Un homme portant plein de bijoux fit irruption dans la chambre. Il s’approcha de la fille et lui mit un coup de pied en la réprimandant « Pourquoi est-il toujours sale ? » Marc outré par ce comportement voulait intervenir, mais il ne disposait pas de la force nécessaire. La bijouterie ambulante scruta Marc puis l’interrogea « De quel village viens-tu ? » Intimidé, le jeune garçon répondit avec une voix hésitante « J’habite dans le village ALONE. » L’homme éclata de rire en ordonnant à Marc d’oublier son passé, car à partir de maintenant, il lui appartenait et qu’il devrait l’appeler maître Nimrod.

Marc protesta haut et fort ce qui mit Nimrod hors de lui. Celui-ci marcha d’un pas dédaigneux vers le garçon ensuite sans hésitation, il lui infligea une violente gifle « C’est la dernière fois que tu parles sans que je te l’autorise, misérable esclave. » Marc sentit les larmes lui monter aux yeux, mais n’osa pas rétorquer.

Nimrod appela un autre esclave qui entra dans la chambre à la hâte, c’était un homme maigre avec une seule main. Après être agenouiller, Nimrod tonna « Qu’est-ce qui arrive aux personnes qui tentent de s’échapper ? » L’esclave répondit sans lever son visage « Leur bras est arraché. »  

Marc passa la majorité de la nuit à pleurer au milieu des ronflements des autres esclaves. Il était persuadé que sa vie était ruinée et en même temps il se demandait comment ses gens pouvaient dormir paisiblement alors que leur vie ne leur appartenait plus. Incapable de trouver une réponse convaincante, il se laissa envahir par l’envie de dormir dans le but t’atteindre le monde des rêves.

À bonne heure, la fille réveilla Marc en lui annonçant que maître Nimrod l’avait chargé de nettoyer les écuries. En voyant la panique s’emparer de lui, elle lui assura que tout se passerait bien à condition qu’il accomplisse toutes les tâches qui lui seraient confiées. Sur le chemin, la fille lui révéla qu’elle se nommait Salomé et lui promit de l’aider à s’intégrer.

Marc complètement abattu, s’attelait à balayer le sol de l’écurie. Lorsqu’il leva les yeux, il aperçut Nimrod debout à l’entrée, le fixant avec insistance. Marc baissa immédiatement les yeux et reprit son travail.

Soudain, deux gardes firent entrer un jeune homme dont le visage était ensanglanté. Ils le jetèrent au sol puis se prosternèrent devant Nimrod. Ce dernier arbora un visage euphorique et commença à féliciter les deux gardes tout en leur promettant des présents inestimables. Pendant ce temps, Marc lançait des regards furtifs afin d’identifier le jeune homme, mais sans succès.

Avant de quitter l’écurie, Nimrod ordonna aux gardes de conduire l’homme dans le cachot et de bien le surveiller.

Le son d’une cloche résonna avertissant les esclaves que c’était l’heure de dîner. Marc resta seul dans l’écurie, assis sur la paille en position de lotus. Il profita de ce moment pour réfléchir à un moyen qui lui permettra d’embellir son quotidien cependant aucune idée ne lui vint à l’esprit, ce qui le frustra au point qu’il jura de se venger de ses anciens amis.   

Salomé apporta à Marc un morceau de pain et un peu d’eau. Bien qu’il affirma ne pas avoir faim ni soif, la jeune fille insista pour qu’il mange et lui conseilla de ne plus rater les périodes de repas, car c’était les seuls moments où les esclaves pouvaient se nourrir. Marc acquiesça puis lui posa une question « Comment tu fais pour supporter cette vie ? Parce que moi je suis à bout de force. » Salomé sourit et lui confia que le fait d’accepter son sort l’avait aidée à endurer tous les calvaires.

Sur la base de la réponse de Salomé, Marc conclut qu’elle avait vécu dans cette ferme durant une longue période, alors il lui demanda « Comment tu as atterri dans cet enfer ? »  Salomé prit une grande inspiration, ensuite elle lui conta que ses parents étaient assassinés par des brigands et que son alcoolique d’oncle l’avait vendu à maître Nimrod en échange d’une caisse de vin. Dès qu’elle termina son récit, la cloche sonna pour signaler aux esclaves qu’il était temps de reprendre le travail.

Lorsque la nuit arriva, les esclaves se dirigèrent vers le réfectoire pour manger. Parmi eux il y avait Marc qui s’était rapproché de Salomé afin de s’asseoir à côté d’elle.

Au milieu du déjeuner, un garde s’introduisit dans le réfectoire et ordonna fermement à Marc de le suivre.

Une fois à l’intérieur des quartiers de Nimrod, Marc assista à une scène traumatisante. Le maître fouettait un esclave avec une violence inhumaine. Marc commença à trembler et à se demander s’il subira la même chose.

Nimrod s’arrêta brusquement en annonçant à Marc « Demain tu nettoieras les cachots. Mais attention, si tu ne suis pas les directives des gardes, tu recevras le même châtiment que lui. » Le jeune garçon tétanisé acquiesça toute en jetant un coup d’œil à l’esclave qui gisait immobile par terre comme une statue.      

À son réveil, Marc se dirigea vers les cachots avec une boule au ventre. Devant la porte, il trouva un garde bien bâti qui lui expliqua de ne surtout pas s’approcher du cachot situé tout au fond même s’il entendait des supplications émanant de celui-ci.

Marc entama sa tâche en évitant de regarder en direction du cachot interdit. Après quelques heures, il entendit une voix d’homme « Qu’est-il arrivé à la personne qui travaillait ici ? » Sur le point de répondre, Marc revit mentalement la scène traumatisante où Nimrod fouettait l’autre esclave. Par conséquent il continua son travail dans le silence.   

Le lendemain matin, alors que Marc nettoyait les cachots, il entendit une fois de plus la voix de l’homme qui le suppliait de lui donner à boire, mais Marc fit la sourde oreille. Soudain, un bruit terrifiant venant du cachot interdit poussa le garçon à aller inspecter. À cause du noir complet, il ne réussit pas à discerner ce qui se passait à l’intérieur. Contre toute attente, une main jaillit entre les barreaux et saisit fermement le bras de Marc puis le visage sale d’un jeune homme apparut. En le voyant, Marc le reconnut, c’était le jeune homme qui l’avait vu dans les écuries.

Le prisonnier le scruta en lui demandant « Qu’est-il arrivé à la personne qui travaillait ici avant toi ?» Marc lui expliqua que la dernière fois qu’il l’avait vu, maître Nimrod le battait à mort. Le jeune homme profondément attristé relâcha le bras de Marc et se réfugia au fin fond du cachot.    

Les jours suivants, Marc apportait des vivres en cachette au prisonnier, mais celui-ci les refusait en rappelant à Marc que son comportement lui causerait de graves problèmes. Le garçon ne prit pas en compte les avertissements du jeune homme et continua de lui apporter de la nourriture.

Étonné par la persévérance de Marc, le jeune homme commença à discuter avec le garçon, lui révélant qu’il s’appelait Abra et qu’il était le prince du royaume ALL. Stupéfait, Marc comprit maintenant pourquoi Nimrod interdisait aux gens de s’approcher de ce cachot.   

Lorsque Marc s’habitua à échanger avec le prince, il ne put s’empêcher de l’interroger sur la situation du village ALONE tout en lui précisant qu’il y vivait avec sa mère. Abra changea d’expression et avec une voix désolante il lui apprit que le village n’existait plus à cause d’une épidémie qui avait touché tous les habitants et d’après les renseignements qu’il avait reçus, aucun villageois n’avait survécu.

Marc fut pris de stupeur. Il se leva brusquement et sortit des cachots. Sans destination précise, il déambula dans les couloirs de la ferme jusqu’à ce qu’il tomba sur Salomé. Cette dernière ressentit que quelque chose clochait alors elle se précipita vers lui et le prit dans ses bras. Ce contact chaleureux permit à Marc de laisser éclater tout son chagrin en sanglotant avec hystérie.

Le jour suivant, Marc fit irruption dans les cachots et se dirigea à la hâte vers Abra. Sans perdre une seconde, il lui annonça « J’ai entendu les gardes dire que maître Nimrod demandera demain une rançon au roi pour te relâcher. Après il t’exécutera, peu importe la réponse. » Abra écarquilla les yeux et sentit comme si le sol s’effondrait sous ses pieds. Marc poursuivit « Il faut que tu t’évades ce soir. » Le prince reprit ses esprits et affirma avec conviction « Je n’ai ni le temps ni les moyens d’élaborer un plan d’évasion donc c’est à toi de le faire. »

Abra remit au garçon un pendentif en lui disant « Prend les routes principales, tu tomberas forcément sur des soldats du royaume. Montre-leur le pendentif et ils te mèneront voir Sir Grégoire. » Marc baissa les yeux en marmonnant « Je suis vraiment désolé, mais je ne peux pas le faire, si les gardes m’attrapent, ils me couperont un bras. » Abattu, Abra s’engouffra dans la noirceur du cachot.

En plein milieu de la nuit, Abra se réveilla à cause d’un boucan. Il essaya de connaître la raison de ce tumulte cependant il n’y avait personne à qui demander. Il demeura éveillé jusqu’à ce que le boucan cessa et que les gardes reprirent leur place. Le prince s’approcha des barreaux et commença à faire du vacarme délibérément. Deux gardes vinrent sur le champ, ce qui offrit à Abra l’occasion de les questionner sur ce qui se passait. Alors qu’ils inspectaient les lieux, l’un des gardes lui confia qu’un esclave s’était évadé.

Au milieu de la journée, les soldats du royaume se faufilèrent facilement dans la ferme de Nimrod grâce aux informations fournies par Marc. Après une faible résistance, les soldats réussirent à tuer Nimrod, à libérer le prince Abra ainsi que tous les esclaves.

En signe de gratitude envers Marc, le prince lui proposa de continuer ses études au sein du palais royal. Marc accepta, mais à la seule condition que Salomé les accompagne.

Suite au décès du roi, Abra devint le nouveau souverain du royaume All, tandis que Marc obtint le poste de conseiller et se maria avec la belle Salomé qui devint la gouvernante du château.

Un jour, Salomé passa un entretien à un jeune homme appelé Mathieu qui prétendait être originaire du village ALONE. Salomé lui demanda de façon naturelle afin de ne pas attirer l’attention, s’il connaissait d’autres personnes ayant survécu à la peste qui avait frappé ALONE. Mathieu lui confirma qu’à part lui, deux autres personnes avaient survécu, à savoir son ami Antoine et une vieille dame nommée Elena qui s’était établie dans le village CHERRY. 

Salomé resta indifférente en entendant ce prénom, mais au fond d’elle, une vague d’émotions tumultueuses s’agitait en elle. Lorsqu’ils terminèrent l’entretien, Salomé accepta d’embaucher Mathieu en lui annonçant qu’il commencerait son nouveau travail demain matin. Une fois le jeune homme quitta la pièce, elle se leva brusquement et se dirigea à toute vitesse vers le bureau de Marc.

Salomé raconta tout en détail à Marc. Son récit laissa son époux silencieux avec un regard vide comme s’il était entré en transe. En le voyant dans cet état, Salomé le secoua jusqu’à ce qu’il reprit ses esprits. Sous l’emprise d’émotions fortes, Marc alla à la salle d’entraînement où il trouva Sir Grégoire et lui ordonna de se rendre au village CHERRY le plus tôt possible et de ramener en toute discrétion une femme nommée Elena qui vivait autrefois dans le village ALLONE.  

Le jour suivant, Salomé assigna Mathieu à la rénovation d’une ancienne cabane en lui révélant « J’ai discuté avec le conseiller du roi de la possibilité d’embaucher une autre personne pour t’aider dans la rénovation et par chance il a accepté. Si je me souviens bien, tu m’avais mentionné avoir un ami qui vivait aussi à ALONE. » Mathieu acquiesça en espérant entendre ce qu’il souhaitait, ensuite Salomé poursuivit « Demande-lui s’il est intéressé de travailler ici avec toi. » Fou de joie, Mathieu lui répondit « Ce n’est pas la peine, il est intéressé. » Salomé sourit et l’informa que son ami pouvait commencer demain.   

Antoine et Mathieu rénovaient la cabane dans une bonne humeur. De temps à autre, ils entendaient des bruits, mais ils ne leur prêtaient guère attention, pensant qu’il s’agissait simplement de souris.

Pendant leur pause déjeuner, des gardes et plusieurs personnes du personnel du palais leur demandèrent s’ils avaient vu des phénomènes étranges dans la cabane. Chose à laquelle, ils répondirent par la négation.  

Sur le chemin du retour vers la cabane, Mathieu et Antoine discutèrent à propos des questions posées par leurs collègues. Intrigués, ils décidèrent d’interroger la première personne qu’ils rencontreraient pour en savoir plus.

Avant d’accéder à la cabane, ils croisèrent une femme de chambre à qui ils s’adressèrent « S’il vous plaît, pouvez-vous nous dire pourquoi tout le monde nous questionne sur la cabane ? Qu’a-t-elle de si spécial ? » La femme resta silencieuse puis elle leur déclara qu’elle n’était pas autorisée à parler de ce sujet. Sur le point de reprendre son chemin, Mathieu lui barra le passage avec gentillesse et la supplia de lui révéler ce qu’elle savait. Devant les yeux innocents de Mathieu, la femme céda et leur raconta que d’après les rumeurs, un esprit maléfique hantait la cabane.

Le jour d’après, alors que Mathieu et Antoine s’apprêtaient à nettoyer la cheminée de la cabane, ils réalisèrent qu’ils ne disposaient pas des outils nécessaires pour le faire. Du coup Mathieu se rendit chez Salomé pour la mettre au courant. 

À son retour, Mathieu découvrit Antoine étendu par terre complètement tétanisé. Lorsqu’il le questionna sur qui l’avait conduit à cet état. Antoine bafouilla qu’il avait vu une ombre et entendu une voix effrayante. Mathieu l’aida à se relever en lui affirmant que c’était juste son imagination qui lui avait joué un mauvais tour. 

Quatre jours s’étaient écoulées sans le moindre incident, ce qui avait permis aux deux jeunes hommes d’avancer considérablement dans leur tâche. Alors que la nuit approchait, Mathieu et Antoine se préparèrent pour quitter la cabane, soudain une voix monstrueuse leur annonça que tout serait révélé ce soir. Les deux jeunes hommes morts de trouille se précipitèrent vers la sortie, mais la porte se referma d’elle-même, toute comme les fenêtres. Mathieu et Antoine essayèrent de rouvrir la porte, mais en vain. Ensuite plusieurs cris retentirent de différents endroits. 

Les deux amis se mirent dos à dos au milieu de la cabane, une fumée les encercla et une ombre terrifiante apparut. Mathieu et Antoine restèrent clouer sur place ne sachant pas quoi faire.

Toujours avec une voix monstrueuse, l’ombre leur ordonna « Confessez votre pire péché sinon votre âme sera dévorée. » Sans retenu, Antoine et Mathieu divulguèrent tous leurs fourberies et leurs mauvaises actions qu’ils avaient commis au cours leur vie. Lorsqu’ils terminèrent, des coups violents se firent entendre ce qui fait sursauter les deux amis puis l’ombre s’approcha lentement d’eux en leur disant « Je sens qu’il reste encore des pêchés cachés dans les recoins de votre âme. ».   

Mathieu et Antoine échangèrent des regards qui disaient que leur silence les conduirait à leur perte alors, d’une même voix tremblante ils confessèrent « Nous avons tué notre ami d’enfance, Marc. » Instantanément, la fumée se dissipa, l’ombre disparut et les fenêtres s’ouvrirent ainsi que la porte de sortie.

Mathieu et Antoine s’hâtèrent vers la sortie de la cabane. Une fois dehors, ils trouvèrent devant eux Salomé, Elena et un jeune homme qui avait le même âge qu’eux. Abasourdis, les deux amis reconnurent Marc et avec honte, ils s’écroulèrent sur leur genou en criant qu’ils étaient désolés.

Marc s’avança vers eux avec une expression de tristesse en leur révélant que tout ce qu’il venait de vivre n’était qu’une mise en scène. Sans lever les yeux, Mathieu balbutia « Nos excuses n’effaceront pas ce que nous t’avons fait alors nous acceptons ton châtiment quelle qu’en soit la nature. »  

Marc les dévisagea un instant puis il leur répondit « Votre châtiment sera de devenir mes assistants. » Alors que Marc se retourna pour aller rejoindre sa mère et Salomé, Mathieu et Antoine s’exclamèrent « Pourquoi une telle clémence ? Nous ne la méritons pas. » Sans s’arrêter, Marc leur dit « Tout d’abord, je ne peux pas châtier des personnes qui ont pris soin de ma mère. Deuxièmement, je vous ai promis de vous embaucher comme assistant. ».


Une contribution de Han D Harabie | Han D Harabie né en 1991 à Casablanca, Maroc. Titulaire d’un master en finance, audit et contrôle de gestion. Il est aujourd’hui comptable et contrôleur de gestion dans un centre d’affaires. En parallèle, il a effectué une formation professionnelle de scénariste à Cinécours école de cinéma. Fasciné par l’art de la narration, il a décidé de se lancer aussi dans l’écriture des nouvelles et des romans qui mélangent aventure, suspense et surnaturel. Certaines de ses productions ont été publié dans des revues. À présent, il vient d’achever le scénario d’un court-métrage « Sous les étoiles de Casablanca » qui a été accepté par une boite de production.