Le combat sous les ifs

Par Luc Loiseaux.

1.

Le vent joue sur les grands ifs de grandes mélodies comme sur les cordes argentées d’une immense guitare.
La longue mélodie des soupirs, des fauves espérances, des adieux éternels, des regards révélés aux géants.
Ces arbres indiscrets dressés comme d’impavides officiers ainsi qu’il sied aux armées d’Icare.
Semblent endormis, perdus dans la musique qui bruisse sur les branches, notes égrenées comme la voix des enfants.

2.

Jadis les pioupiou faisaient une sieste argentée dans les ombraies, étendues sous les joncs.
Nul ne remuait, nul ne parlait et l’essentiel des forces sentait frémir dans la mousse le trépas prochain dans une ivresse noire.
On écoutait les munitions lascives remuer dans les cartouchières avant d’entrer dans nos entrailles comme on éventre les donjons.
Comme dans le sacre de toutes les guerres – et nous les pioupious, les pauvres de tripaille qui demeuraient morts comme des éteignoirs.

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Et puis sous nos beaux pieds, éclose comme la rose, la vision diamantée :


3.

Appuyé sur sa crosse railleuse, nostalgique de la fille qu’il aime, il anime la soirée des morts en gloriorisant la lointaine mèche blonde
Qu’il baisait en de longs soirs lorsqu’elle était endormie, comme un chat à qui l’on à fait un voeu
Et puis … demeurent la seule ambroisie, la seule essence pure, la seule force frémissante que l’on ne peut fondre
Dans ces soirs d’holocauste où la blessure mord, où il dit aux camarades : « demain c’est mon dernier adieu »

Pro/p(r)ose Magazine vous signale la parution du premier recueil de Luc Loiseaux, Dans l’ivresse des brumes publié aux éditions unicité, c’est à (re)découvrir.


Une contribution de Luc Loiseaux | Luc Loiseaux est amoureux de l’imaginaire sous toutes ses formes. Auteur de romans, de nouvelles et de chansons, il exprime sa vision de la beauté au travers de la littérature, de la poésie, mais aussi de la photographie et de la musique dans l’idée de composer un univers où se côtoient le romantisme, le rêve, les symboles et l’invisible.